• De septembre à décembre 2014 : Lille, au front d’Ypres.
L’Université catholique de Lille a été :
• Siège d’un hôpital militaire français et allemand
• Base des acteurs de la presse clandestine dans le Nord occupé.
La guerre incomprise : mythes et réalités.
Le regard porté sur le conflit mondial de 1914-1918 a très tôt fait l’objet de visions mythologiques dont la plus célèbre est sans doute celle des taxis de la Marne. L’écrivain Gabriel Hanotaux a contribué par ses mises en perspective
au légendaire1. La vision du vainqueur fut évidemment prépondérante était-elle la plus exacte, cela n’est pas certain. L’image d’Epinal de la coiffe de la jolie alsacienne témoignant de la reprise de l’Alsace-lorraine perdue masquait celle du vaincu préoccupé d’annexer sous une forme ou une autre
les ports de la Manche et de la Mer du Nord qui lui offrirait un débouché pour le commerce international face à l’empire britannique. Les témoignages des contemporains, marqués par la rancune, la haine et la rancœur, n’ont pas contribué à modifier ce regard mais à en accentuer dans bien des cas l’aspect dramatique et misérabiliste, on dirait aujourd’hui « compassionnel », mais n’est-ce pas le lot de toutes les guerres dont le devoir de mémoire ne vient jamais à bout depuis les célèbres estampes de Callot au XVIIe siècle sur les « malheurs de la guerre ».
Privé d’informations, l’occupé découvrit le rationnement et subit une liste impressionnante de réquisitions don il ne comprit pas le plus souvent la portée, si ce n’est sous l’angle de l’injustice ou d’une bureaucratie tatillonne
dont il aime à se gausser. Son honneur et celui de sa famille se trouve bafoué par les brimades. Ce personnage devenu soudain « apatride », découvre avec surprise l’expression populaire du patriotisme belge et songe parfois à fuir un univers kafkaïen. Mais le plus souvent, il s’adapte à coups de petits arrangements et de marché noir avec les troupes d’occupation préoccupée elle-même par leurs familles en difficulté, les privations de nourriture et le manque de munitions.
La guerre en France occupée reste encore aujourd’hui largement incomprise et totalement inconnue dans les manuels d’histoire alors même que se mettait en place tous les mécanismes d’une annexion puis d’une véritable dictature militaire conçue par des planificateurs comme Walter Rathenau et Eric Ludendorff. L’administration allemande rôdait une mécanique de butin, de pillage et de « clearing » financier et économique avec un système de travail obligatoire et de main d’œuvre déportée dans des camps. Machine
implacable, méthodique pour assujettir un peuple qui lui se contentait de s’indigner de son honneur bafoué et d’élever de véhémentes protestations au nom du droit des peuples. De ces épisodes rapportés maintes fois, on en retint le drame humain et les morts innombrables qui touchèrent de part et d’autre du Rhin toutes les familles. « Plus jamais la guerre », sans doute
mais l’avait-on comprise ? L’étonnement et la surprise devant les évènements survenus en 1940 montrent qu’il n’en était rien et que l’on recommença peu ou prou avec les mêmes méthodes.
J. HEUCLIN
Docteur HDR - FLSH
http://cultureunivcatholille.wordpress.com/category/nos-conferences/histoire-centenaire-1914-18/