Sociologie des organisations

Code Cours
2223-FLSH-SOC-FR-8001
Langue d'enseignement
FR, EN
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Responsable(s)
Jerome Clays
Période

Présentation

Objectifs


Nous vivons dans un monde d’organisations. D’apparences diverses, elles suscitent pourtant des propos similaires : l’information circule mal, c’est ingérable, la réunionite, une coquille vide, tout le monde ne tire pas dans le même sens…


Les chercheurs nous proposent outils et grilles de lecture, pour rompre avec le sens commun et penser les organisations.


Leur fonctionnement relève de l’oxymore : anarchie organisée, illégalité tolérée, ordre négocié… Les aspects informels sont essentiels. Un écart existe entre travail prescrit et travail réel. Une partie de l’activité des individus n’est pas vue, pas sue, pas reconnue ; on l’appelle travail invisible. Les règles sont fabriquées, les consignes sont digérées, l’organisation est remodelée. Des dysfonctions, voire des dérives, se produisent. Entre les murs prolifèrent de riches cultures professionnelles : savoirs, savoir-faire, savoir-être, usages, rituels…


L’organisation n’est pas figée, mais produite lors des interactions entre individus. Elle est un construit social. Partout, des relations de pouvoir, des jeux collectifs. Toujours, une production de règles, une construction d’identités. On y apprend sur le tas, perd ses illusions ou garde sa motivation. On y travaille avec les autres et sur soi, car nul ne rentre du boulot indemne. Autant dire qu’on y fait une expérience.


Toute organisation abrite une vie sociale riche, des rapports hiérarchiques compliqués. Elle est un univers plein de contradictions, que ses membres se plaisent à souligner, à la pause café ! Ici, un subordonné contourne les règles, pour mieux atteindre les buts fixés par sa hiérarchie… Là, une circulaire censée régler un problème entraîne des effets pervers. Les membres des organisations, en interaction, suscitent bien d’autres phénomènes étudiés dans ce séminaire…




OBJECTIFS DU COURS


- Connaître les principales théories sociologiques des organisations : Max Weber, Robert Merton, Michel Crozier, James March, Herbert Simon, Anselm Strauss, Luc Boltanski, Laurent Thévenot, Bertrand Callon, Bruno Latour… Mesurer les apports et les limites de chaque théorie.


- Utiliser ces outils intellectuels pour étudier des cas concrets d’organisations : usine, administration, hôpital, lycée, université…


- Préparer les étudiants à leurs futures fonctions de cadres, en les aidant à se repérer, analyser, manager, accompagner le changement en organisation.


- Prendre du recul, changer de regard, mettre des mots sur nos expériences de la vie en organisation.


Présentation


Nous passerons en revue plusieurs approches théoriques des organisations. En parallèle, nous étudierons des extraits d’enquêtes ethnographiques. Ils seront comme une respiration et tiendront lieu de terrain.



« La théorie »


I. La théorie de Max Weber : « l’idéal-type de la bureaucratie rationnelle »


Max Weber. Idéal-type, action rationnelle en finalité, domination rationnelle-légale, rationalisation du monde, bureaucratie…



II. L’organisation scientifique du travail : « optimiser la manière de travailler »


Frederick Taylor. Henri Ford. Division verticale / horizontale du travail, one best way, five dollar day, salaire au rendement, flânerie, turnover, gain de productivité, standardisation, production / consommation de masse, aliénation…



III. L’école des relations humaines : « l’importance du facteur humain »


Elton Mayo. L’effet Hawthorne. Les salariés sont des êtres affectifs. Leur motivation est liée à l’intérêt qu’on leur porte. La vie de groupe génère des tensions, des règles, des jeux d’influence…



IV. Une théorie fonctionnaliste : « la critique du modèle bureaucratique »


Robert K. Merton. Personnalité bureaucratique, ritualisme, dysfonctionnement bureaucratique, fonction latente / manifeste, anticipation auto-réalisatrice…



V. Des investigations empiriques : « l’organisation est fragmentée, influencée »


Philip Selznick. Alvin Gouldner. Peter Blau. Dysfonction organisationnelle, contournement des règles, groupe informel, résistance au changement, souplesse des agents…



VI. L’analyse stratégique : « un jeu collectif »


Michel Crozier. Erhard Friedberg. Pouvoir, stratégie, zone d’incertitude, cercle vicieux bureaucratique, système d’action, résistance au changement, apprentissage collectif…



VII. La théorie de la régulation conjointe : « les acteurs fabriquent des règles »


Jean-Daniel Reynaud. Règles autonomes, règles de contrôle, régulation conjointe, conflit, compromis…


Gilbert de Terssac.



VIII. L’approche interactionniste : « un ordre négocié »


Anselm Strauss. Interaction, règles, valeurs, ordre négocié, travail prescrit / travail réel…



IX. La sociologie de l’entreprise : « un lieu de production identitaire »


Renaud Sainsaulieu. Socialisation, microculture d’atelier, identité, salarié en retrait / investi / attaché à un collectif / enclin à négocier / en pleine mobilité…


Claude Dubar.



X. L’approche cognitive : « comment les individus prennent des décisions »


James March. Herbert Simon. Rationalité limitée, solution satisfaisante, décision programmée / non-programmée, biais cognitif, apprentissage organisationnel…



XI. L’économie des conventions : « comment les individus construisent des accords »


Luc Boltanski. Laurent Thévenot. Logiques d’action, principes de justification, cités inspirée / domestique / civique / industrielle / marchande / de l’opinion…



XII. La sociologie de la traduction : « l’innovation suppose que les acteurs s’entendent »


Bertrand Callon. Bruno Latour. Problématisation, controverse, traduction, porte-parole, enrôlement, mise en réseau des acteurs…



« Le terrain »


Plusieurs « terrains » seront proposés (usine, bureau, hôpital, lycée, université), impliquant des acteurs variés (ouvriers, cadres, lycéens, étudiants, médecins).


Leur « exploration » présente deux intérêts. D’abord, permettre aux étudiants de tester les théories. Qu’apportent-elles : un certain regard, une grille pour analyser, des outils pour agir ? Quels phénomènes mettent-elles en lumière ou laissent-elles dans l’ombre ? Ensuite, favoriser les échanges entre étudiants, puisqu’ils pourront faire des exposés ou des travaux de groupes.


Les références des livres utilisés sont cit

Modalités

Évaluation

Ressources

Bibliographie

|| Ouvrages de référence|| BOLTANSKI Luc, CHIAPELLO Eve, <i>Le nouvel esprit du capitalisme</i>, Gallimard, 1999.|| BOLTANSKI Luc, THEVENOT Laurent, <i>De la justification. Les économies de la grandeur.</i> Gallimard, 1991.|| CALLON Michel, <i>« Éléments pour une sociologie de la traduction. La domestication des coquilles Saint-Jacques dans la Baie de Saint-Brieuc », </i>L'Année sociologique, n°36, 1986.<i> </i>|| CROZIER Michel, FRIEDBERG Erhard, <i>L’acteur et le système</i>, Seuil, 1977.|| D’IRIBARNE Philippe, <i>La logique de l’honneur</i>, Seuil, 1993.|| FRIEDBERG Erhard, <i>Le pouvoir et la règle</i>, Seuil, 1993.|| MARCH James, SIMON Herbert, <i>Les organisations</i>, Dunod, 1993.|| REYNAUD Jean-Daniel, <i>Les règles du jeu. L’action collective et la ré</i><i>gulation sociale</i>, Armand Colin, 1997.|| SAINSAULIEU Renaud, <i>Sociologie de l</i><i>’organisation et de l’entreprise</i>, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1987.|| STRAUSS Anselm, <i>La trame de la né</i><i>gociation</i>, L’Harmattan, 1991.|||| Ouvrages de vulgarisation|| BAGLA Lusin, <i>Sociologie des organisations</i>, La Découverte, 2003.|| BALLÉ Catherine, <i>Sociologie des organisations</i>, PUF, collection « Que sais-je ? », n°2499, 2009.|| BERNOUX Philippe, <i>La sociologie des organisations</i>, Points Seuil, 2009.|| CABIN Philippe (coord), <i>Les organisations. État des savoirs</i>, éditions Sciences Humaines, 1999.|| FOUDRIAT Michel, <i>Sociologie des organisations</i>, Pearson, 2011.|| LAFAYE Claudette, <i>Sociologie des organisations</i>, Nathan, 1997.|| PLANE Jean-Michel, <i>Th</i><i>éorie et management des organisations</i>, Dunod, 2012.|||| Enquêtes de terrain|| BEAUD Stéphane, PIALOUX Michel, <i>Retour sur la condition ouvrière. Enquête aux usines Peugeot</i>, Fayard, 2004.|| BECKER Howard, <i>Boys in White</i>. <i>Student Culture in Medical School</i>, Transaction Publishers, 1976.|| BECKER Howard, GEER Blanche, « <i>La culture étudiante dans les faculté</i><i>s de m</i><i>édecine</i> », in FORQUIN Jean-Claude, Les sociologues de l’éducation américains et britanniques, De Boeck, 1997.|| COURPASSON David, THOENIG Jean-Claude, <i>Quand les cadres se rebellent</i>, Vuibert, 2008.|| COUSIN Olivier, <i>Les cadres à l’épreuve du travail</i>, Presses Universitaires de Rennes, 2008.|| PENEFF Jean, <i>L’hôpital en urgences</i>, Métailié, 2005.||||