Esthétique du cinéma

« Oh ! Si je pouvais me dissocier de mon propre
corps ! »
Narcisse, Les Métamorphoses Ovide,

« Ah !
Si seulement je pouvais me changer en toi ! » Alma, Persona, Ingmar Bergman

Le thème du Double au
cinéma s’inspire dès les premiers temps des grands récits fantastiques du XIXe
siècle, Edgar Poe, Robert Louis Stevenson, Oscar Wilde, etc. et devient un motif que nombre de cinéastes
contemporains interrogent encore aujourd’hui. Le thème, d’abord exploré par le
cinéma fantastique (La Féline de
Tourneur, Docteur Jekyll et Mister Hyde de
Fleming, Le portrait de Dorian Gray
de Lewin) dépasse bientôt les limites du genre. Il nourrit alors des fictions
où le dédoublement est à l’œuvre et influence toute la mise en scène, la
structure du film et le jeu des acteurs.

Dans cet écheveau
complexe où règnent les masques, les spectres, les métamorphoses, comment les
cinéastes usent-ils de la mise en abyme, du trompe-l’œil, des surimpressions,
de la répétition ? Quelle inquiétante étrangeté s’empare alors de
l’espace cinématographique ? Que nous dit le Double de l’essence du
cinéma, image projetée et parfois « à double fond », et de l’art de l’acteur, jouant de la
dualité ? L’apparition du Double à l’écran ne suggère-t-elle pas l’idée de
la reprise, de l’écho et de la citation, dont Vertigo d’Hitchcock et Persona
de Bergman, notamment, seraient l’origine dans l’œuvre de David Lynch, David
Cronenberg, Dario Argento et tant d’autres ?