Enseignant chercheur à l’ISEN au sein de l’équipe Acoustique depuis un peu plus de quatre ans, Nicolas Côté a développé des activités de recherche en acoustique audible, plus précisément dans le domaine de la perception des sons. Après une thèse menée sur la voix, il s’attaque aujourd’hui au bruit dans la ville, provoqué par des sources sonores complexes et variées. Les sources peuvent avoir pour origine les transports (voitures, deux roues, bus…) mais aussi les activités humaines telles que le bruit de voisinage entre les logements ou provenant de l’extérieur.
Le CRESGE, bureau d’études et centre de recherche de l’ICL composé d’une équipe pluridisciplinaire (regroupant un économètre, une économiste, une data managers, des sociologues et géographes) travaille actuellement en collaboration avec l’ISEN sur la problématique de l’environnement sonore en milieu urbain. Sociologue de formation et chargée d’études, Agathe Douchet a intégré le CRESGE il y a cinq ans environ. Elle s’inscrit dans des approches sociotechniques dans lesquelles il s’agit, sur des questions diverses, de coupler une entrée technique et une prise en compte des usages, des comportements, des modes de vie, mais aussi des représentations et des perceptions. Les méthodes principalement développées sont qualitatives (entretiens en face à face au domicile, focus groups …) mais souvent combinée à une approche quantitative (analyse statistique, cartographie …).
Alors que le bruit des transports est relativement bien modélisé (voir la carte de bruits de la métropole lilloise : http://geo.lillemetropole.fr/epv/cartobruit/flash/), les cartes de bruit sont peu compréhensibles du grand public et ne sont actualisées que tous les 5 ans. Par ailleurs, elles ne donnent pas une idée du bruit en fonction du moment de la journée. De plus, il n’existe pas de modèle fiable sur les bruits de voisinage. Cependant, le dernier sondage IFOP (2014) montre bien qu’ils sont l’une des deux principales sources de nuisances sonores avec le trafic routier. C’est à partir de ce constat que l’ISEN, associé au CRESGE, au CEREMA (Centre d’Études et d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement) et à la mairie de Lille a obtenu un projet de rechercher financé par l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) intitulé MEDISOV (MEsures DIagnostiques de la qualité SOnore en Ville) dont l’objectif est de développer un modèle mathématique permettant d’estimer la gêne sonore ressentie en milieu urbain. Dans le cadre de cette recherche, six sites de la ville de Lille ont été sélectionnés, correspondant chacun à des environnements sonores et des usages variés : par exemple la rue Masséna qui est bien connue pour son côté récréatif…. Les premières étapes du projet ont été consacrées à des enregistrements sonores à différents moments de la journée et à la conduite d’entretiens semi-directifs auprès de riverains habitant ces sites. L’équipe de recherche est actuellement en cours d’analyser de manière croisée l’ensemble de ces données qualitatives et quantitatives en vue d’établir le modèle qui aura vocation à être le plus proche possible du ressenti des riverains. A terme, un diagnostic de performance sonore pourrait être établi quartier par quartier, à l’image des diagnostics de performance énergétique (DPE) établis pour chaque habitation.
Au-delà de l’enquête technique et sociologique de terrain sur les nuisances sonores, la démarche méthodologique menée dans le cadre du projet MEDISOV peut être appliquée, dès lors que l’humain est partie prenante d’une étude d’ingénierie, à d’autres champs d’application sur les nanotechnologies, l’urbanisme, l’habitat, la numérisation de la ville etc….
Anne-Christine Hladky