Colloque – « L’homme passe infiniment l’homme »
Colloque – « L’homme passe infiniment l’homme »
Réconcilier la grandeur et la finitude de l’homme : une réflexion philosophique et théologique
Dans l’un de ses fragments les plus célèbres, Contrariétés, Blaise Pascal affirme : « L’homme passe l’homme ». Par cette formule énigmatique, le philosophe du XVIIe siècle souligne à la fois la fragilité de la condition humaine — marquée par la finitude et la mortalité — et l’appel à une transcendance qui la dépasse. Pour Pascal, l’être humain est tiraillé entre deux vérités fondamentales : il n’est ni l’origine (alpha) ni la finalité (oméga) de l’univers — c’est la misère de l’homme —, mais il est pourtant appelé à se dépasser, à tendre vers une forme de grandeur qui témoigne de sa vocation spirituelle.
Cependant, Pascal écrivait à une époque antérieure à la rupture inaugurée par la philosophie moderne. Cette dernière a posé un nouveau fondement : l’homme est désormais perçu comme le centre de référence à partir duquel le monde acquiert un sens. Il devient un acteur central de la construction du réel, et le langage, à son tour, s’affirme comme un outil fondamental dans cette démarche. Il incarne et exprime cette capacité créatrice, ce pouvoir d’interprétation du sujet humain.
C’est dans ce contexte que le colloque propose de revisiter l’apparente opposition entre deux visions : celle de Pascal, pour qui l’homme ne saurait être la mesure de toutes choses, et celle de la modernité, qui consacre le sujet humain comme origine du sens. Le but est d’explorer les pistes d’un dialogue possible, d’une réconciliation entre transcendance et autonomie, entre dépendance et responsabilité.
Le premier axe de réflexion cherchera à éclairer les voies de pensée capables de maintenir ensemble deux convictions essentielles : l’homme ne se suffit pas à lui-même — il est précédé par une réalité autre, supérieure —, et pourtant, il est en mesure de donner un sens à sa propre existence, de s’en faire l’auteur sans se substituer à l’Absolu.
Le deuxième objectif du colloque portera sur les conséquences de cette réconciliation dans les domaines du langage et de la connaissance. Le langage humain est-il simplement un véhicule neutre, ou bien possède-t-il une puissance créatrice réelle ? Est-il condamné à ne jamais atteindre pleinement son objet, ou peut-il contribuer à une forme authentique de connaissance ?
En réunissant philosophes, théologiens et penseurs de diverses traditions, cette rencontre souhaite ouvrir un espace de dialogue autour de ces tensions fécondes. Il s’agira de mettre en lumière les différentes manières d’articuler finitude humaine et vocation à la transcendance, tout en examinant les implications concrètes de cette articulation dans notre manière de penser, de parler et de connaître.
Événement en présentiel ou en visioconférence. Gratuit et ouvert à tous