Rencontre avec Alexandre RIGAL – JUNIA

Faire de notre École d’ingénieurs des transitions un moteur du développement des territoires

Originaire du Périgord, issu d’une famille qui compte des ingénieurs, Alexandre RIGAL se montre cependant davantage intéressé par la chose publique, le développement politique. Il suit la formation de Sciences Po Lille, dont il sort diplômé en 2001 avant un Master d’études stratégiques européennes obtenu en 2002.

L’ensemble de son parcours professionnel, depuis 20 ans, s’est inscrit dans le monde de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la formation d’ingénieurs. Comme Directeur exécutif de la Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs (CDEFI), puis comme Directeur général délégué des Arts et Métiers et enfin Directeur du développement de BPI France, où il anime le Réseau Excellence constitué de 5000 PME et PMI françaises.

Alexandre RIGAL a été nommé il y a tout juste un an Directeur général de JUNIA.

Quelles expériences retirez-vous de ces 20 années d’activités dans le monde de la formation aux métiers de l’ingénieur ?

La création, au 18ème siècle, des premières Écoles d’ingénieurs en France répondait aux besoins de former des spécialistes capables de construire des ponts, des routes, des canaux, des bâtiments et d’accompagner le développement de l’industrie.

Les Écoles d’ingénieurs – c’est vrai pour JUNIA – restent, de nos jours, soumises à cette exigence : former des professionnels, des acteurs économiques et sociaux en phase avec leur territoire, au contact des collectivités locales et des entreprises. Les écoles d’ingénieurs continuent de l’affirmer, je veux que JUNIA l’incarne réellement.

Comment se situe JUNIA aujourd’hui dans le paysage de la formation d’ingénieurs ?

Quel est le profil de l’élève-ingénieur JUNIA ?

Notre école est un acteur important du domaine. Avec 4000 étudiants en formation initiale et par apprentissage, elle est, en capacité de recherche, la plus importante École d’ingénieurs privée associative en France. C’est une École nationale avec des campus régionaux à Lille, à Châteauroux et à Bordeaux, très ancrés dans leurs territoires.

« Une École nationale avec des campus régionaux »

Elle est aussi, probablement, l’École qui couvre le spectre le plus large de domaines liés aux transitions que connaissent aujourd’hui notre société et nos entreprises : énergie, agriculture et environnement, santé et bien-être, villes durables, digital et numérique, industries du futur…

Dans leur cursus, les élèves-ingénieurs peuvent ainsi approfondir leurs connaissances dans les disciplines qu’ils ont choisies tout en allant chercher des compétences aux interfaces : chimie durable, réseaux intelligents et maitrise de l’énergie, préservation de l’environnement et sciences du vivant, robotique et handicap…

« Aller chercher des compétences  aux interfaces des disciplines »

Ils sont aussi invités à un parcours « Humanités » qui leur donne l’occasion de mesurer l’impact écologique, économique, social, éthique des technologies et des solutions qu’ils veulent mettre en œuvre.

La recherche et l’innovation ont été développées depuis de nombreuses années : avec quels impacts aujourd’hui ? et quelles perspectives pour demain ?

La recherche fait partie intégrante du projet initial des Écoles HEI, ISA et ISEN (dont la fusion a donné naissance à JUNIA) et la qualité des travaux des chercheurs est reconnue dès les années 1960-1970 par les grands organismes comme le CNRS.

Nous considérons la recherche dans un continuum, allant des travaux les plus fondamentaux, pour générer des connaissances qui viennent féconder nos formations, jusqu’aux applications les plus proches des besoins des entreprises et de la société.

 C’est ce dernier point que je souhaite fortement développer. La recherche dans une école d’ingénieurs prend particulièrement son sens quand elle se fait de façon contractuelle avec des entreprises. Nous devons être des accélérateurs d’innovation pour l’économie.

 

 

Pierre MOUNANGA, Directeur exécutif recherche et innovation

Enseignant-chercheur au Département Building and Urban Environnement de JUNIA depuis 2023, Pierre MOUNANGA a été nommé à la direction de la recherche et de l’innovation de l’École.

Ingénieur en génie civil formé à l’INSA de RENNES, il a obtenu sa thèse de Doctorat – spécialité génie civil – puis l’Habilitation à Diriger les Recherches à l’Université de Nantes dans laquelle il était enseignant – chercheur de 2000 à 2012.

De 2012 à 2023, il a occupé d’importantes responsabilités au Gabon, à l’Agence Nationale des Grands Travaux puis comme Conseiller de la Présidence de la République et Secrétaire Général du ministère des Travaux publics, de l’Équipement et des Infrastructures.

Ses travaux de recherche portent sur la conception et la caractérisation de matériaux de construction à faible impact environnemental, leurs propriétés mécaniques et thermophysiques, leur durabilité.

pierre.mounanga@junia.com

Les grands domaines explorés par JUNIA concernent :

  • l’agriculture et l’environnement, pour nourrir durablement la planète,
  • les transitions énergétiques et urbaines, les réseaux,
  • l’ingénierie pour la santé et le bien-vivre,
  • les transitions numériques et industrielles.

La recherche mobilise 120 enseignants-chercheurs dont 13 CNRS, 30 ingénieurs et techniciens, 100 doctorants et post-doctorants. Cinq de nos laboratoires sont en co-tutelle scientifique avec les Universités publiques et les grands organismes : CNRS, INRAE et bientôt un sixième laboratoire le sera avec l’INSERM.

« des démonstrateurs pour appréhender, chercher et innover grandeur nature »

Des démonstrateurs ont été développés pour appréhender, chercher et innover grandeur nature : le bassin d’acoustique, la halle agro-alimentaire, le Palais Rameau sur l’alimentation de demain, les plateformes de gestion des réseaux et des consommations d’énergie du campus.

Ce potentiel de recherche n’est pas financé de manière récurrente par l’État. Nos ressources viennent de contrats de recherche avec les Agences de l’État (ANR), l’Europe, les entreprises ; du mécénat et de nos fonds propres.

L’un de nos défis majeurs est de pouvoir consolider cet effort de recherche : cela ne peut se faire que dans le cadre de programmes menés en partenariat avec les entreprises.

Vous avez souhaité engager les personnels, les étudiants, les partenaires de JUNIA dans une démarche de prospective « JUNIA 2035 ». Qu’en attendez-vous ?

L’École est placée face à des enjeux majeurs de stabilité, de lisibilité, d’efficacité.

Des questions fondamentales se posent. Par exemple, que représente la marque JUNIA ? Quelle est notre promesse aux jeunes et aux entreprises : celle de répondre à leurs aspirations et à leurs besoins par spécialités ou sous forme d’une réponse globale ? Comment l’exprimer ? Comment repenser notre modèle économique pour le rendre soutenable mais aussi en adéquation avec son temps ? Quelle place voulons-nous donner à la RSE et, donc, qu’est-ce qu’être une École des transitions ? Qu’est-ce que l’esprit d’entreprendre et comment y ouvrir nos étudiants ?

Aujourd’hui, 270 personnes travaillent sur ces sujets pour co-construire le projet stratégique à l’horizon 2035.

Trois grands thèmes transversaux sont en particulier soumis à leur réflexion : la RSE ; l’accompagnement des entreprises, y compris la création d’entreprises ; notre place à l’international dans un marché mondialisé, sans oublier par exemple les territoires français ultramarins.

Comment concevez-vous votre mission de direction ?

Ce qui me motive, ce sont les challenges à relever, c’est rendre possible ce qui est nécessaire.

« Faire de la relation entreprises le cœur du réacteur »

Avec la gouvernance de l’École et ses parties prenantes, il me parait essentiel de partager les convictions suivantes : faire de la relation entreprises le cœur du réacteur ; répondre aux besoins économiques du territoire, des bassins économiques et d’emplois ; écouter le marché ; nous donner les moyens économiques de nos ambitions et générer de la ressource supplémentaire.

Dans un monde bouleversé, anxiogène, les équipes et les élèves-ingénieurs de JUNIA doivent contribuer à faire naitre des forces créatrices, à construire des solutions pour un monde plus juste, plus durable et responsable.

Propos recueillis par Francis DEPLANCKE

alexandre.rigal@junia.com